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Le Vendredi Saint, fai écrit une lettre au Saint Père, le pape François, dans laquelle je lui disais que, tandis qu'il suivait le chemin de croix au Colisée, nous, en Syrie et dans le monde arabe, endurions un "lourd. sanglant, douloureux et long chemin de croix (...) depuis plus de deux ans maintenant". Nous avions besoin de quelqu'un, Lui, précisément, pour porter la croix avec nous.

 

Il se trouve que je n'ai pas reçu de réponse directe, mais, depuis le début de son pontificat, le Saint Père a souvent mentionné notre patrie comme "la Syrie bien-aimée", lors de la prière de l'Angélus ou à d'autres occasions.

 

C'est alors que, au plus fort de la crise en aoùt 2013, le Saint Père a délivré son appel au monde, unique en son genre, fort et impressionnant: "Pas d'altaque mili/aire confre la Syrie, mais plutot une pressante invita/ion ali monde en/ier pour jell.ner, prier et man!fesfer son amour pour ce pays".

 

Et l'Église entière -catholiques, orthodoxes, anglicans, luthériens et de nombreuses dénominations protestantes, ainsi que le Conseil Oecuménique des Églises, plusieurs ONG de meme que des musulmans, juifs et bouddhistes -tous ont entendus la voix du Saint Père et ont exaucé son souhait.

 

Peu de temps après, Maaloula, un symbole fort de la tradition et de la présence chrétiennes en Syrie depuis deux mille ans, est tombée aux mains des insurgés. Atravers ces événements, la Syrie est revenue au premier pIan de l'attention mondiale, et ce, donc, pour trois raisons:

 

1 - La menace d'une attaque intemationale contre la Syrie;

 

2 - La chute de Maaloula commc un cri adressé à la conscience du monde;

 

3 - L'appel du pape à la prière et au jeùne pour la paix en Syrie, en Palestine et dans le monde entier.

 

C'est ainsi qu'un toumant miraculeux est advenu, qui a calmé l'orage et l'environnement général. Cela m'a rappelé la tempete sur la mer de Galilée, quand Jésus s'est levé pour calmer les éléments déchaìnés. Cette fois-ci, c'est le pape François qui est venu, a prié, jeuné et dompté la tempete.

 

L'Église dans son ensemble et meme le monde entier se snt joints à lui sur les chemins de la paix et de la reconstruction d'un futur meilleur pour les jeunes générations, en Syrie et dans tout le Moyen-orient.

 

Chers amis, je vous envoie le meme appel que j'ai adressé au pape François, celui de porter la croix avec la Syrie. Aidez-nous à diriger la Syrie sur le chemin du matin radieux de la résurrection.

 

Le 18 septembre, j'ai été invité à une assemblée du Conseil Oecuménique des Églises à Genève. Lors de cette assemblée, j'ai fait les suggestions suivantes:

 

1 - lnitier une vaste campagne aux niveaux local, régional et global.

 

2 - Plaider pour l'abstention de frappes militaires et de Iivraisons d'armes, ainsi que pour le refus de la terreur et de la guerre.

 

3 - Appeler au contraire à la réconciliation, au dialogue, à la paix.

 

4 - Préparer le chemin à la réunion de Genève II, de façon à ce que les négociations diplomatiques mettent fin à la crise en Syrie.

 

5 - Accentuer les efforts communs en vue de la coexistence chrétiens-musulmans dans le Moyen-Orient.

 

C'est la condition pour un authentique diatogue islamo-chrétien.

 

Tel est le futur que nous appelons ardemment de nos vreux et telles sont les lignes-force qui permettrons que la tlamme de l'espoir ne soit pas éteinte.

 

C'est ainsi que la lumière de l'espérance sera ranimée en Syrie, au Moyen-Orient et dans le monde, comme le Saint Père nous l'a rappelé en disant: "Ne laissez jamais la fiamme de l'espoir s'éteindre en vas coeurs".

 

Chers amis, je vous souhaite de jouir de la paix dans vos familles, villages, villes et patries; particulièrement en ces temps de Noel et de la nouvelle année. Merci pour votre solidarité, votre aide et de vos contributions qui nous permettent d'alléger les souffrances du peuple en Syrie.

 

Je souhaite à tous un joyeux Noel et une année 2014 pleine de bénédictions .

 

 

 

Gregorios III

 

Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient d'Alexandrie et de Jérusalem

 

 

Appendice

 

Aucun lieu n'est sùr en Syrie. On croit qu'il y a sécurité d'un còté et insécurité de l'autre, mais à tout moment on peut etre victime d'une explosion, d'un obus, d'une balle, sans compter les enlèvements et prises d'otages pour obtenir des rançons, les assassinats ... Le chaos menace tout le monde, partout et tout le temps.

 

Les dangers guettent tous les citoyens, surtout les civils, du fait de la déstabilisation et du chaos des quartiers résidentiels dans beaucoup de localités (Homs et alentours, Alep, faubourgs de Damas, ma ville natale de Daraya, ... ); du fait de l'instrumentalisation, surtout des chrétiens, mais aussi de différents groupes religieux.

 

Il y a aussi le danger d'etre pris comme boucIier: personnes, maisons, églises, mosquées ... Et le danger des émeutes religieuses artificielles, surtout entre chrétiens, musulmans et druzes. Ces dangers menacent tous les citoyens, mais surtout les chrétiens, qui sont la maille la plus fragile, la plus faible.

 

L'avenir des chrétiens en Syrie est très menacé, non pas par les musulmans, mais par la crise actuelle, à cause du chaos qu'elle engendre et de l'infiltration de groupes islamistes et fondamentalistes fanatiques, incontròlables; ce sont eux qui peuvent etre la cause d'attaques contre les chrétiens.

 

Il y a environ deux mille groupes de fanatiques fondamentalistes islamistes qui combattent en Syrie: il ne manquent pas d'attaquer les chrétiens.

 

La situation des chrétiens est d'ores et déjà un constat douloureux: plus d'un millier de victimes (militaires et civils, pretres, hommes, femmes et enfants), et des centaines de milliers de réfugiés et de personnes déplacées, en Syrie meme, au Liban, en Jordanie, en Egypte, en frak et en Turquie. D'autres, en nombre assez grand (mais on n'a pas de chiffres exacts), se sont réfugiés en Europe (surtout en Suède), au Canada et aux Etats-Unis ... ; en tout, environ 450.000 personnes.

 

Les pertes matérielles sont très graves. Nous n'avons pas encore de statistiques, mais on sait qu'il ya une soixantaine d'églises endommagées ou partiellement détruites, et de me me des institutions sociales (écoles, orphelinats, asiles de vieillards), qui ont toujours été au service de tous les citoyens, chrétiens et musulmans. Cela sans compter les pertes des Iieux de travail (usines, boutiques, immeubles) et des habitations de nos fidèles, qui ont diì quitter leurs villes, leurs villages, leurs quartiers à la hate, sans pouvoir emporter rien ou presque. En général, ces maisons et ces biens ont été pillés, détruits ou endommagés. Tout cela représente des pertes d'un montant total de plusieurs millions de dollars. Des villages entiers ont été vidés de tous leurs habitants chrétiens (comme ma ville natale de Daraya et Maaloula en septembre dernier),

 

Inutile de décrire l'état d'esprit qui pèse sur nos paroissiens: doutes, peur, angoisse, dépression, découragement... sans mentionner la perte d'un époux, d'une mère, d'une fille, d'un parent, d'un ami; l'enlèvement d'un proche ou la détresse des déplacés.